Introduction : Le grand cirque cosmique de l’existence
Ah, la vie. Ce sketch mal écrit où l’on nous jette sur scène sans mode d’emploi, où l’on patauge dans une improvisation foireuse en espérant que quelqu’un crie « Coupez ! » avant qu’on s’effondre. On arrive en braillant, couvert de liquide douteux, on grandit à coups de bleus et de rêves mal ficelés, on s’épuise à courir après des chimères, et un jour, paf, blackout – souvent sans standing ovation.
Prenez le Soleil : ce colosse qui grille depuis des milliards d’années, un pro de la constance, un type qui fait son boulot sans jamais zapper une journée ni poster un selfie larmoyant sur son déclin imminent. Il s’éteindra un jour, dans un silence majestueux, sans un mot de travers. Et nous ? On est là, à trois heures du matin, à refaire le film de nos ratés en boucle, à se demander pourquoi on n’arrive pas à briller comme dans les pubs pour dentifrice, à aimer sans se prendre des claques invisibles qui laissent des marques quand même.
Comme les étoiles, on flambe un moment, on s’écrase salement, on repart en boitant – mais avec un talent unique pour dramatiser chaque acte, valises de « Pourquoi moi ? » à la main, et un abonnement premium à l’angoisse existentielle.
Et si, pour une fois, on arrêtait de se cogner la tête contre nos propres murs ? Si on piquait un truc au Soleil (sans le fixer, hein, sauf si vous voulez un Oscar pour la pire idée de l’année) : exister, même en vrac, même à moitié éteint, avec un soupçon de classe ? Parce qu’on n’a pas le budget pour un remake hollywoodien de notre vie, mais on peut au moins essayer de jouer notre rôle avec un peu de panache, non ?
1. L’enfance : Le feu sacré (ou l’illusion du contrôle)
Au départ, c’est la fête, la vraie. Bébé, on est une étoile qui éclate dans le ciel, une tornade d’énergie pure qui hurle à quatre heures du matin sans peur, sans honte, sans l’ombre d’un doute.
Vous vous rappelez ce gosse qui voulait décrocher la Lune, devenir pilote ou chanter du Johnny, armé d’une cuillère en bois devant le miroir, hurlant des refrains faux mais avec une foi à déplacer des montagnes ? Ou peut-être c’était vous, ce môme qui courait dans la cour, persuadé que le monde était une aire de jeu géante, que chaque caillou ramassé était un trésor, que nos rêves étaient des promesses signées par un destin aux poches pleines. On avance avec cette arrogance délicieuse, ce feu dans le ventre qui dit « Je peux tout », comme si la vie allait nous tendre un tapis rouge avec des applaudissements en bonus.
Et puis, crac, la réalité débarque, pas discrète pour un sou. Une mauvaise note qui vous cloue au sol, une dispute qui vous fait douter des autres, un genou écorché qui rappelle que tomber, ça fait mal. D’un coup, ce feu qu’on croyait éternel se met à clignoter, à grésiller comme une vieille ampoule. Le Soleil, lui, brûle sans pause, sans se demander s’il aurait dû viser comète ou prendre des RTT.
Nous ? On plonge tête la première dans nos « Et si », on se perd dans des labyrinthes mentaux où chaque porte claque plus fort que la précédente.
Mais écoutez, ce n’est pas fini. Aujourd’hui, faites un truc tout bête : regardez un gamin courir après un ballon, ou un oiseau, ou rien du tout. Ce feu, vous l’aviez, ce truc qui brûlait sans calcul. Il est peut-être juste enfoui sous des couches de fatigue, de doutes, de matins gris. Vous le sentez encore, même un peu, quelque part dans le fond ?
2. Le grand effondrement : Bienvenue dans la crise existentielle
Un jour, ça casse, et pas qu’un peu. Votre café du matin a un goût de cendres, vos mails s’entassent comme des reproches muets, ou vous vous réveillez avec cette voix dans la tête qui murmure « À quoi bon ? » avant même que vos pieds touchent le sol.
Peut-être c’est un coup dur – le boulot qui vous lâche, un ami qui disparaît, un amour qui s’évapore sans préavis. Bienvenue dans le mur, cet instant où tout ce que vous pensiez tenir solide s’effrite comme un biscuit trempé trop longtemps. Vous aviez cru que bosser dur, aimer fort, ou juste serrer les dents suffirait à construire un château ? Désolé, la vie n’a pas lu le mémo.
Le Soleil aussi passe par là, figurez-vous. Quand il aura cramé tout son hydrogène, il gonflera en géante rouge, une diva cosmique qui avale Mercure comme un amuse-bouche avant de s’effondrer dans une crise spectaculaire. Nous, on n’a pas ce budget d’effets spéciaux. Notre version, c’est traîner en pyjama trois jours d’affilée, zapper les appels parce que parler demande trop, ou acheter une bougie parfumée zen qui finit par prendre la poussière.
On s’agite, on cherche des pansements – un nouveau hobby, un verre de trop, une série en boucle – pour ne pas voir que ce chaos, ce n’est pas un accident, c’est le scénario.
Mais voilà le truc : ce n’est pas la fin, juste un virage moche. Essayez un machin simple : prenez un stylo, griffonnez trois lignes à quelqu’un que vous avez perdu de vue – pas pour tout réparer, pas pour jouer les héros, juste pour voir si une petite braise remue encore.
Le Soleil sait que ça passe, même quand ça explose. Et vous, vous en dites quoi de ce bordel ?
3. Le retour au calme : Une lumière plus douce, mais plus vraie
Après avoir flambé à la Luc Besson – explosions, drama, et budget émotionnel en déficit – le Soleil se pose enfin. Finies les grandes scènes, il devient une naine blanche, un truc discret mais stable, qui n’a plus besoin d’en mettre plein la vue pour exister.
Nous aussi, on finit par capter ça, à force de se cogner aux murs. Un jour, vous lâchez le téléphone qui vous hurle des notifications inutiles, vous marchez sans savoir où, vous dites « Non » à un plan qui vous pompe l’air – et vous ne culpabilisez même pas, miracle.
Plus besoin de sprinter comme si la vie était une course avec un chronomètre sadique, ni de prouver que vous valez quelque chose à des juges qui n’existent pas.
Vieillir, ce n’est pas tomber dans un trou, c’est respirer un coup.
Conclusion : Il reste encore du feu sous la cendre
Un jour, le Soleil s’éteindra, rideau final. Mais il aura vécu, pleinement, sans se noyer dans des « Et après ? » ou des « J’aurais dû ».
Et nous ? On a encore des braises, même si elles fument plus qu’elles ne flambent, même si certains matins, on se sent plus cendre que flamme.
Alors arrêtez de vous flageller pour ce que vous n’êtes pas. On est des étoiles un peu tordues, qui brillent mal, qui clignotent, qui s’éteignent parfois – mais qui sont là, quand même.
Vous brûlez encore, même à petit feu, même si vous ne le voyez pas toujours.
Alors bougez un peu. Pas besoin d’un exploit. Juste un truc.
Vous valez plus que vous ne le pensez, même les jours où vous en doutez le plus.