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Icare et les incertitudes

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  • Temps de lecture :8 min de lecture

Ou comment se cramer les ailes vaut parfois mieux que de traîner sa carcasse dans un labyrinthe climatisé

Introduction – Il a volé. Et alors ?

Il avait des ailes. C’est tout ce qu’on sait.
Fabriquées à la va-vite. Un bricolage de fortune. Un plan bancal.
Mais il y est allé. Il n’a pas demandé l’avis de la météo. Il n’a pas fait d’étude de marché.
Il a sauté.

Et alors ?
Il est tombé.
Oui, c’est ce qu’on dit toujours. On ne parle que de ça.
Mais on oublie le reste.
Il a volé.

Ce n’était pas un champion. C’était juste un type qui n’en pouvait plus d’attendre une vie meilleure dans un couloir sans fenêtre.
Alors il a testé quelque chose.
Et il est tombé.
Mais peut-être… peut-être qu’il a vu le ciel. Juste une seconde. Et que cette seconde valait tout le reste.

Chapitre 1 – Reste à ta place, ça ira mieux

On vous l’a dit, non ?
Reste calme. Reste patient. Reste là.
Ne change rien. Ne bouge pas trop. Ne rêve pas trop fort.

Dans les services de soins, dans les open-spaces, dans les familles bien rangées,
le système adore les gens fatigués mais polis.
Ceux qui ne testent plus rien. Ceux qui disent oui avec la voix cassée. Ceux qui tombent en silence.

Mais dès que vous essayez autre chose — un traitement nouveau, un projet, un mot de trop —
on vous regarde comme si vous aviez lâché une bombe.

Tester, c’est déjà trop.
Tomber ? Alors là, vous devenez « instable », « fragile », « inconscient ».
Mais recommencer ?
Ah, recommencer…
Là, on vous classe dans une autre case :
“irréaliste”.
Ou bien “instable” si vous recommencez trop vite.
“Immature” si vous avez plus de quarante ans.
“Bipolaire” si vous changez d’avis.
“Utopiste” si vous gardez l’espoir.
Et le meilleur pour la fin :
“Dangereux pour lui-même et pour les autres”,
s’il vous prend l’envie de sourire après une rechute.

Comme si recommencer, dans ce monde-là, était plus inquiétant que se résigner.

Chapitre 2 – Tomber, c’est un sport d’élite

Les gens aiment dire que tomber, c’est « normal ».
Qu’il faut « apprendre de ses échecs ».
Mais dans les faits ?
Dès que vous tombez, on vous regarde comme si vous aviez trahi la norme.

Vous avez quitté votre boulot ?
Tombé.
Vous avez arrêté un traitement qui vous éteignait ?
Tombé.
Vous avez aimé quelqu’un qui ne vous aimait pas ?
Tombé.

Mais ce qu’on ne vous dit pas, c’est que tomber, c’est une preuve de mouvement.
Ceux qui ne tombent jamais, ce sont les morts ou les statues.
Et encore, certaines statues se fissurent.

Tester, c’est risquer.
Tomber, c’est payer le prix.
Recommencer, c’est insulter la résignation.

Chapitre 3 – L’incertitude, ce n’est pas un bug. C’est la règle.

Vous voulez des réponses ?
Elles n’existent pas.
Pas les vraies. Pas les durables.
Pas pour ce qui compte : aimer, guérir, espérer, respirer.

La vie ne vous doit aucune garantie.
Elle ne vous promet rien.
Juste des tentatives. Des erreurs. Des élans.
Et parfois, des chutes spectaculaires.

Tester, c’est dire « j’avance, même sans savoir ».
Tomber, c’est souvent le seul moyen d’apprendre à atterrir.
Recommencer, c’est refuser de crever assis.

Chapitre 4 – À Jonzac, y’a pas que des thermes.

Vous croyez que ça ne concerne que les grecs mythologiques ou les parisiens en crise existentielle ?
Non. À Jonzac aussi, il y a des Icare.

Des gens qui ont tout quitté.
Qui ont tout tenté.
Qui ont ouvert un gîte en pensant que ça suffirait à réparer une vie entière.
Qui ont aimé quelqu’un qui ne voulait que la moitié d’eux.
Qui ont dit à leur psy : « je vais arrêter les antidépresseurs. » Et qui l’ont fait.

Ils sont tombés, oui.
Mais parfois, c’est en tombant qu’on découvre ce qu’il y a au sol.
Un peu de terre. Un peu de silence. Une autre manière de vivre.

Tester, c’est partir sans GPS.
Tomber, c’est rater la route.
Recommencer, c’est faire son propre sentier.

Chapitre 5 – Le courage, ce n’est pas de réussir. C’est de recommencer.

Vous avez peur de ne pas y arriver ?
Bonne nouvelle : c’est normal.
La certitude est un poison.
Elle anesthésie. Elle fige. Elle fait croire qu’on contrôle, alors qu’on ne tient rien.

Les gens les plus vivants sont ceux qui doutent.
Ceux qui essaient.
Ceux qui se relèvent.
Pas ceux qui collectionnent les médailles. Ceux-là sont déjà froids, même vivants.

Tester, c’est un acte d’espoir.
Tomber, c’est la rançon du vivant.
Recommencer, c’est dire :
« Je ne sais pas où je vais, mais je refuse d’en rester là. »

Conclusion – C’est pas la chute qui compte. C’est d’avoir quitté le sol.

On se souvient de la fin.
De la mer.
De la chute.
Du silence.

Mais moi, je vous propose de vous souvenir d’autre chose.

Icare a volé.

Même mal. Même vite. Même brièvement.
Il a testé ses ailes.
Il a dit non à l’enfermement.
Il a chuté, oui. Mais au moins, il a été libre.
Un instant. Un seul.

Et ce moment-là…
Valait peut-être toute une vie de sécurité en cage.

Un tout petit geste incertain

Alors voilà.
Cette semaine, testez quelque chose.
Un mot nouveau.
Un choix imprévu.
Un pas vers l’inconnu.

Tombez, s’il le faut.
Mais tombez vivant.
Et surtout :
recommencez.

Parce qu’à la fin, ce n’est pas la chute qu’on regrette.
C’est d’avoir trop longtemps rampé.

Oh bonjour 👋
Ravi de vous rencontrer.

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