L’angoisse, cette fidèle compagne qui débarque sans prévenir, les bras chargés de doutes existentiels et de sueurs froides. On a beau lui dire qu’on n’a rien commandé, elle s’invite, s’assoit dans notre fauteuil préféré et nous regarde avec son air de corbeau moqueur.
Plutôt que de lui jeter des cailloux (ce qui est peu efficace, avouons-le), pourquoi ne pas essayer trois stratégies radicalement différentes pour lui clouer le bec ?
1. L’hédonisme éclairé : festoyons pendant que l’angoisse jeûne
L’angoisse adore nous rappeler que la vie est courte, alors pourquoi ne pas la prendre au mot ? Plutôt que de sombrer dans une spirale de ruminations, on peut choisir d’en profiter. Goûter les bonnes choses, rire à gorge déployée et ne surtout pas reporter les plaisirs à un lendemain incertain.
Prenez donc un chocolat noir intense, fermez les yeux et laissez-le fondre sous votre langue. L’angoisse se tordra de frustration devant votre insouciance savamment orchestrée. Mieux encore, faites une liste des petits bonheurs de la journée : ce café trop serré mais parfait, ce fou rire au bureau, ce rayon de soleil tombé pile sur votre nez. Un coup magistral porté à la morosité.
Et si vous voulez frapper encore plus fort, adoptez une tactique digne des grands stratèges : mettez de la musique ridicule à fond. Dansez comme si personne ne regardait, ou pire, comme si tout le monde regardait et que vous vous en fichiez. Imaginez une crise d’angoisse face à un type en chaussettes qui se déchaîne sur du Céline Dion dans son salon. Terrifiant pour elle, jubilatoire pour vous.
Exercice pratique
Transformez un moment ordinaire en une célébration hédoniste absolue.
- Prenez une douche en imaginant que vous êtes une star hollywoodienne sous une cascade tropicale, ajoutez une playlist de diva et du savon qui sent la vanille interdite.
- Dégustez votre repas comme un critique gastronomique en murmurant des mmmh et des divin avec l’intensité d’un jury Top Chef.
- Osez demander au boulanger quelle est sa viennoiserie préférée et achetez-la, même si ce n’était pas prévu. Vivez chaque plaisir comme si vous deviez en faire un poème épique.
Bonus : Créez votre propre rituel anti-angoisse. Une musique à lancer dès qu’elle approche, un aliment réconfortant toujours sous la main, une phrase magique à dire à voix haute, genre « Aujourd’hui, je suis l’empereur des escargots et personne ne peut m’arrêter. » L’angoisse ne saura plus où se mettre.
2. L’amour et la transmission : vaincre l’angoisse à coups de tendresse
Rien n’angoisse plus que la peur de la perte. L’amour ? Une folie ! Aimer, c’est signer un contrat avec l’inévitable tristesse. Mais si l’angoisse veut nous clouer sur place, on peut lui répondre par un contre-pied magistral : aimer encore plus fort, et transmettre ce qu’on sait, ce qu’on ressent, ce qu’on est.
Allez voir votre grand-mère et laissez-la vous raconter pour la cinquantième fois comment elle a échappé à la grippe espagnole (ou pas). Écrivez une lettre à votre futur vous, histoire qu’il sache que vous avez pensé à lui. Appelez un ami juste pour lui dire que vous l’appréciez. L’angoisse déteste l’humanité et la tendresse, c’est son pire cauchemar.
Et si vous êtes du genre à penser que l’amour, c’est trop cliché, adoptez une plante. Oui, une plante. Donnez-lui un nom absurde (Moumour, par exemple). Parlez-lui, arrosez-la, chérissez-la. L’angoisse aura du mal à cohabiter avec quelqu’un qui chouchoute une fougère comme si c’était son enfant.
Exercice pratique
Prenez l’angoisse par surprise en devenant un passeur de joie en contrebande.
- Glissez un mot d’encouragement sous l’essuie-glace d’une voiture au hasard (« Belle journée, conducteur inconnu ! »).
- Laissez une friandise sur le bureau d’un collègue sans rien dire.
- Remerciez chaleureusement quelqu’un dont le travail passe souvent inaperçu : le facteur, la personne qui nettoie votre immeuble, le serveur qui vous sert depuis des mois sans que vous ayez jamais demandé son prénom.
Pour les plus joueurs, adoptez le défi du « sourire contagieux ». Testez jusqu’à quel point un simple sourire peut changer l’énergie d’un moment : au boulanger, au voisin de trottoir, au passant distrait. Si vous obtenez un sourire en retour, c’est gagné. Si vous obtenez une mine perplexe, c’est encore mieux : l’angoisse n’aime pas les visages déconcertés.
3. L’action comme antidote : plutôt que de trembler, avançons
L’angoisse adore l’inaction. Elle prospère dans les zones de flou, là où l’hésitation fait son nid. Vous avez peur d’échouer ? Testez, ratez, recommencez ! L’angoisse est comme une ombre : dès qu’on bouge, elle peine à nous suivre.
Vous hésitez à changer de boulot ? Mettez à jour votre CV, juste pour voir. Peur de parler en public ? Prenez la parole une fois, même pour dire une banalité. L’angoisse se nourrit de votre paralysie, mais elle déteste les gens qui osent.Chaque action, même minuscule, est une claque en pleine figure pour elle.
Et si vous voulez vraiment faire fuir l’angoisse, faites quelque chose d’absolument absurde. Sortez habillé en pirate un mardi matin, chantez « Bohemian Rhapsody » dans une file d’attente, testez un sport dont vous ignorez tout (le curling, pourquoi pas ?). L’angoisse ne sait pas gérer l’imprévisible, elle préfère les scénarios bien cadrés.
Exercice pratique
Notez une chose qui vous angoisse et faites un premier petit pas vers sa résolution.
- Pas besoin de gravir l’Everest, juste d’enfiler les chaussures de randonnée.
- Pour un effet maximal, faites-le en chantant faux, ça ajoutera du panache.
Conclusion : l’angoisse est une illusion, mais elle mord fort
On peut choisir de subir l’angoisse ou de la ridiculiser.
Soit on la noie sous le plaisir, soit on la terrasse par l’amour, soit on la sème par l’action. À vous de choisir votre camp.
Et si elle revient, rappelez-lui que vous avez un agenda bien chargé et pas une minute à lui consacrer. Elle finira bien par comprendre le message.
Mieux encore : la prochaine fois qu’elle frappe à la porte, accueillez-la en robe de chambre avec une tasse de thé et dites-lui « Tiens, je t’attendais, assieds-toi, on va discuter. » Ça devrait la désarçonner assez pour qu’elle prenne la fuite.