La Paix au Cœur du tumulte

Tout le monde cherche la paix. Oui, même ceux qui klaxonnent au feu rouge, les nerfs tendus comme des cordes de violon. Même ceux qui vous écrivent des mails pleins de points d’exclamation, comme des gifles déguisées en politesse. Même ceux qui prétendent ne rien attendre, alors qu’ils espèrent tout. La paix — celle qui ne dépend ni de la météo, ni du prix du gasoil, ni de l’humeur du patron — n’est pas un caprice d’âme. C’est une faim essentielle, un besoin d’oxygène invisible. Nous la portons tous, cachée sous des couches d’habitudes, de rancunes, de fatigue ou de rêves inachevés. Alors on la cherche. Dans les voyages, les retraites silencieuses, les méditations chronométrées par des applis, les couchers…

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La peur : ce monstre familier qui nous veut du bien

Exploration en cinq dimensions, de la chair à la culture, de l’intime au collectif Chapeau Certains sentiments s’invitent sans prévenir et refusent de repartir. La peur est de ceux-là. Elle se glisse dans nos veines, colonise nos gestes, se cache derrière nos pensées. Elle est à la fois sirène d’alarme et boulet aux chevilles. Et si, au lieu de la fuir, nous apprenions à l’écouter ? Voici cinq manières de la traverser : par le corps, l’esprit, la société, la culture et l’histoire. 1. Dimension biologique – La peur comme signal de survie La peur surgit avant même que nous ayons le temps de réfléchir. Le corps se crispe, le souffle s’arrête, le cœur cogne. C’est le système nerveux autonome…

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Développer son filet humain : tisser les fils qui nous tiennent debout

Si je devais vous dire la vérité nue, c’est celle-ci : personne ne survit seul. On se raconte des histoires d’autonomie, de liberté absolue, mais au fond, nous savons bien que c’est du cinéma. Même Robinson sur son île avait fini par inventer un copain, Vendredi. Et si vous croyez que parler à un ballon de volley est un signe de santé mentale, c’est que vous avez déjà raté le coche. Un filet humain (réseau), ce n’est pas des numéros dans un téléphone. C’est une voix qui décroche à trois heures du matin, quand vous ne savez plus si vous voulez vivre ou disparaître. C’est une épaule qui pleure avec vous sans rien dire. C’est une main posée sur votre…

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Dinde & Farce : tragédie douce d’un être qu’on voulait juste aimer

(Ou comment on devient ce que les autres attendent, jusqu’à en perdre le goût) Acte I – Naître dinde, c’est déjà tout un programme On ne choisit jamais d’être une dinde. C’est un rôle qu’on nous assigne avant même qu’on ait ouvert les yeux. Dès l’enfance, on nous prépare : sois sage, dis merci, tiens-toi droite, ne parle pas trop fort, ne pleure pas sans raison, n’existe pas plus qu’il ne faut. On nous polit comme on prépare un rôti : on veut que ce soit tendre, lisse, serviable. On nous apprend à être digestes. L’éducation devient un rituel de domestication affective, où l’on apprend à s’effacer pour que les autres puissent mieux nous avaler. Et parfois, dans le silence…

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Vous n’avez pas le temps… pour vivre ?

On parle souvent du temps qu’il fait. Rarement du temps qu’il reste. Et pourtant, si vous vivez jusqu’à 90 ans (ce qui, vu vos habitudes alimentaires et votre niveau de stress, relève déjà du miracle), voilà ce que vous gagnez au loto de la biologie : - 60 étés pour croire encore que le bronzage soigne les blessures de l’âme, - 60 hivers pour grelotter dans des vies trop serrées, - 4 680 semaines  pour remettre à demain ce qui vous pèse aujourd’hui, - Et 90 000 heures à fixer un écran, à chercher un sens que vous avez sous-traité à l’algorithme. Ajoutez à ça 270 000 heures de sommeil, parce qu’il faut bien une activité où vous ne vous…

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Altruisme ou anesthésie : faut-il toujours dire oui ?

Introduction Il y a ceux qui ne disent jamais non. On les appelle gentils. Disponibles. Attentionnés.Mais si l’on gratte un peu sous la couche de bons sentiments, on découvre parfois des êtres lessivés, résignés, et, dans les cas les plus graves, en train de porter les courses d’un collègue ingrat sous la pluie... depuis 2007. Dans une société où « poser ses limites » est devenu un mantra de développement personnel (placardé entre deux citations de Bouddha sur Instagram), ne pas dire non passe pour une douce déviance, une tare affective. Mais est-ce si simple ?Ne pas dire non, est-ce un acte d’élégance morale… ou une manière raffinée de se faire bouffer le foie en silence ? 1. L’élégance du…

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Les chats que nous portons

Dans les années 1930, le physicien Erwin Schrödinger imagine une expérience de pensée restée célèbre : un chat est enfermé dans une boîte opaque contenant un mécanisme quantique déclenché au hasard – une particule instable peut ou non libérer du poison. Selon les lois de la mécanique quantique, tant que personne n’ouvre la boîte, le chat est simultanément vivant et mort : il est dans un état de superposition. Ce paradoxe visait à critiquer l’application des principes quantiques au monde ordinaire, mais il est vite devenu un symbole de l’ambiguïté fondamentale du réel. Il y a, dans une boîte fermée quelque part, un chat qui respire à moitié. Un chat qui miaule peut-être, ou peut-être pas. Un chat qui dort,…

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« Vieillir : cette étrange activité à plein temps »

Quand philosophie et neurosciences osent regarder les cheveux blancs sans trembler Introduction – Vieillir… et pourtant se sentir toujours le même Vieillir, c’est voir son miroir devenir cruel sans jamais oser l’insulter à voix haute (de peur qu’il riposte).C’est croiser des adolescents et se dire avec une pointe d’effroi :ur « Ce n’est pas moi qui étais aussi stupide à leur âge, n’est-ce pas ? » Et pourtant, malgré les articulations grinçanteset les notices de médicaments qu’on lit avec plus d’intérêt que les romans de Houellebecq,une sensation persiste : celle d’être resté le même au fond. Mais alors, soyons sérieux deux minutes (et pas plus) :cette impression d’un "moi" inoxydable,c’est une ruse du cerveau ou une vérité de l’âme ?Est-ce…

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Trop libres pour être heureux ? Petit traité du mal de vivre moderne

Introduction – Le paradoxe de l’homme libre On nous avait promis la liberté.Libre de choisir sa voie, son couple, sa religion (ou pas), son shampoing sans sulfates. Libre d’être soi, de réussir, d’échouer avec panache.Mais voilà : au milieu de ces autoroutes de choix, l’homme moderne se plante souvent dans le décor. Fatigué, démotivé, il consulte (s’il a le temps), médite (quand l’appli ne plante pas), et cherche désespérément un sens à tout ça. Il n’est plus prisonnier, mais il erre, lâché en liberté surveillé dans un monde sans direction. Bienvenue dans l’ère du mal de vivre version XXIe siècle : une mélancolie qui porte des baskets neuves et lit des citations de Nietzsche sur Instagram. 1 – La tyrannie…

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L’imagination : ce grand n’importe quoi salutaire

Ou comment s’échapper du réel sans être interné. Préambule inutile mais parfaitement justifié L’imagination. Ce mot flou comme un nuage qui change de forme quand on le regarde trop longtemps. Ça sent le rêve éveillé, la cabane au fond du cerveau et l’enfant intérieur qui n’a jamais rangé sa chambre.On nous dit : "Laissez parler votre imaginaire…", mais on oublie de préciser que parfois, l’imaginaire crie, fait des fautes d’orthographe et se prend pour une licorne sociologue. Et pourtant, ce joyeux bazar mental n’est pas qu’un terrain de jeu pour poètes barbus et enfants nourris au jus de pomme bio. C’est un mécanisme vital. Une sorte de soupape existentielle qui évite à nos neurones de frire dans la banalité. Les…

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