Développer son filet humain : tisser les fils qui nous tiennent debout

Si je devais vous dire la vérité nue, c’est celle-ci : personne ne survit seul. On se raconte des histoires d’autonomie, de liberté absolue, mais au fond, nous savons bien que c’est du cinéma. Même Robinson sur son île avait fini par inventer un copain, Vendredi. Et si vous croyez que parler à un ballon de volley est un signe de santé mentale, c’est que vous avez déjà raté le coche. Un filet humain (réseau), ce n’est pas des numéros dans un téléphone. C’est une voix qui décroche à trois heures du matin, quand vous ne savez plus si vous voulez vivre ou disparaître. C’est une épaule qui pleure avec vous sans rien dire. C’est une main posée sur votre…

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Si un âne vous donne un coup de pied !

On dit que la vengeance est un plat qui se mange froid. Ce n’est pas vrai. Elle se mange brûlante, avec les doigts, en se brûlant la langue et vous êtes la seule à souffrir en silence.  Mais qu’importe : depuis toujours, lorsqu’on reçoit un coup, une gifle réelle ou une parole qui claque plus fort qu’une main, une part de vous veut le rendre. C’est presque un réflexe animal. Et vous le connaissez, ce désir qui serre la gorge, celui d’appuyer là où ça fait mal, juste pour équilibrer la douleur. Le Moyen Âge : le fer et le sang Imaginez un village médiéval. Un homme insulte un autre sur la place publique. Le lendemain, ils se retrouvent dans…

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Quand l’injustice nous brûle

Il existe des douleurs visibles, bruyantes, spectaculaires. Et puis il y a l’injustice, plus sournoise, plus intime !  Elle ne se contente pas de nous faire mal : elle sape nos repères, installe le doute, murmure que notre place n’est pas respectée. Elle se vit un peu partout : dans le couple, dans les yeux des enfants, dans la cour de récréation, dans les bureaux, au cœur des amitiés, au sein des familles, et jusque dans le mystère brutal de la vie elle-même. Elle laisse toujours derrière elle cette impression glaciale : « Je ne compte pas autant que les autres. » Et dire qu’on nous avait promis l’égalité… En réalité, certains héritent du tapis rouge, d’autres d’un paillasson élimé.…

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Réapprendre à vivre avec la douleur : retrouver sa place quand on croit l’avoir perdue

Il y a des douleurs qui ne passent pas. Pas celles qui font grimacer sur le moment, pas celles qui s’effacent avec un cachet ou une nuit de repos. Non. Des douleurs qui s’incrustent, qui colonisent le corps, puis l’âme. Des douleurs qui deviennent une pièce de la maison. Un meuble encombrant que l’on finit par contourner sans même le voir. Quand la douleur devient chronique, elle ne se contente pas de faire mal. Elle enlève. Elle retire des morceaux de vie, une sortie annulée, un emploi perdu, un ami qui s’éloigne. Elle ronge l’identité. Certains disent : « Je ne suis plus moi-même ». D’autres ne disent plus rien du tout. Sortir de l’ombre On croit souvent que ce…

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Oser mettre des limites !

On pense souvent qu’il suffit d’aimer fort pour que tout tienne debout. Comme si l’intensité pouvait tout justifier. Mais ce n’est pas la force de l’amour qui sauve une relation : c’est sa structure. Et cette structure, ce sont les limites. Celles qu’on ose poser sans hurler, sans punir, sans fuir. Une limite, c’est un murmure qui dit : « J’existe aussi. » Le problème, c’est qu’on vit dans un monde où l’on vous vend l’illimité comme un supplément au menu : séduisant, croustillant, plein de vide. Poser une limite, aujourd’hui, ressemble à une trahison. On vous regarde comme si vous aviez renversé un vase Ming. « Comment ? Tu oses dire non ? Alors que j’ai tant besoin de…

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Dinde & Farce : tragédie douce d’un être qu’on voulait juste aimer

(Ou comment on devient ce que les autres attendent, jusqu’à en perdre le goût) Acte I – Naître dinde, c’est déjà tout un programme On ne choisit jamais d’être une dinde. C’est un rôle qu’on nous assigne avant même qu’on ait ouvert les yeux. Dès l’enfance, on nous prépare : sois sage, dis merci, tiens-toi droite, ne parle pas trop fort, ne pleure pas sans raison, n’existe pas plus qu’il ne faut. On nous polit comme on prépare un rôti : on veut que ce soit tendre, lisse, serviable. On nous apprend à être digestes. L’éducation devient un rituel de domestication affective, où l’on apprend à s’effacer pour que les autres puissent mieux nous avaler. Et parfois, dans le silence…

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Faire le deuil de soi : renaître au présent

Il y a des jours où l’on ne sait plus très bien où l’on habite. On se croise dans un miroir, on dit « Bonjour » machinalement, mais on ne se reconnaît pas. Le corps a la même odeur, la voix le même timbre, et pourtant… quelque chose a bougé. Quelque chose s’est détaché, s’est effondré, ou peut-être s’est juste dégonflé doucement, comme une baudruche un soir de réveillon. C’est discret, presque poli. C’est le deuil silencieux d’une ancienne version de soi. Et pourtant, ce “soi” d’avant, on l’a aimé. On l’a habité avec confiance. Il riait plus fort, il rêvait plus large, il croyait que tout était encore possible. Il portait des désirs à pleines mains, il n’avait pas…

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Vivre avec une personnalité passive-agressive— Petits meurtres entre gens bien élevés

Introduction Il existe des blessures qui ne crient pas, des guerres qui ne font pas de bruit, des haines qui s’habillent de sourires. Dans l’ombre des grandes violences visibles, un autre poison se répand : le comportement passif-agressif, cette colère déguisée. Moins spectaculaire que la rage explosive, mais infiniment plus corrosive, elle s’infiltre dans les liens humains par petites gouttes de venin mêlé de miel. Qu’elle soit l’expression d’une peur, d’une impuissance, d’un ressentiment ou d’une stratégie de survie, elle trahit la même difficulté universelle : celle d’oser être vrai dans un monde de faux-semblants. Derrière les sarcasmes anodins, les retards habiles, les compliments aigres, c’est toute une histoire de solitude, de honte et de soif d’existence qui se joue.…

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Vous n’avez pas le temps… pour vivre ?

On parle souvent du temps qu’il fait. Rarement du temps qu’il reste. Et pourtant, si vous vivez jusqu’à 90 ans (ce qui, vu vos habitudes alimentaires et votre niveau de stress, relève déjà du miracle), voilà ce que vous gagnez au loto de la biologie : - 60 étés pour croire encore que le bronzage soigne les blessures de l’âme, - 60 hivers pour grelotter dans des vies trop serrées, - 4 680 semaines  pour remettre à demain ce qui vous pèse aujourd’hui, - Et 90 000 heures à fixer un écran, à chercher un sens que vous avez sous-traité à l’algorithme. Ajoutez à ça 270 000 heures de sommeil, parce qu’il faut bien une activité où vous ne vous…

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Dire “oui” même à la boue, pour en faire surgir la fleur

Il y a des vérités que l’on ne comprend qu’à genoux. Pas les genoux de la prière, ni ceux du repentir. Mais ceux qui ploient, usés par le poids de la perte, du doute, de la fatigue. Ceux qui s’enfoncent dans la glaise des jours trop lourds, quand la vie ne ressemble plus à une promesse, mais à un terrain vague. À cet endroit, la pensée cesse d’être abstraite : elle devient une respiration difficile, une lutte entre l’effondrement et l’acceptation. Ce n’est plus l’idée qui pense : c’est la douleur qui cherche à ne pas être vaine. C’est là que naît la vraie question : que fait-on de la boue ? La boue malodorante des ruptures. La boue des…

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